Né le 30 juillet 1914, il n'eut pas le bonheur de connaître son père, parti au front le 5 août suivant et tué à l'ennemi le 26 septembre, soit moins de deux mois après. Le cycle d'études supérieures le trouve à la Faculté catholique de Lille où il suit les cours de l'Ecole de Journalisme et, en même temps, prépare une licence de philosophie à partir de 1937. II vient ensuite à Paris où, pendant les années 1938 et 1939, il suit à la Sorbonne et à la Faculté catholique, tout en étant maître d'étude au Collège Stanislas les disciplines de la Faculté des Lettres. À la fin de l'année scolaire 1939, il obtient sa licence ès lettres.
La guerre déclarée en septembre de cette année 1939, il obéit aux traditions familiales en se portant volontaire pour l'Armée de l'Air. Le même jour où il est reconnu apte au Personnel Navigant, une crise d'asthme l'immobilise à l'hôpital où la Commission de Réforme de Tours le déclare inapte au service armé. Toutefois, sur son insistance, le colonel, président de cette commission, accepte de surseoir à cette décision et le laisse rejoindre la base de Bordeaux-Mérignac où se retrouvaient tous les volontaires de l'aviation.
Quand arrive l'armistice de juin 1940, il sert comme aspirant d'aviation au Maroc. Il restera dans ce pays trente-quatre ans, 11 y crée d'abord, en 1941, au titre du Service de la Jeunesse et des Sports, l'hebdomadaire "Jeunesse". Puis, en 1943, après le débarquement américain du 8 novembre 1942 pour lequel il avait été pressenti une semaine auparavant par le général Bethouart, il deviendra directeur de la revue "Maroc 1943".
La rentrée en guerre du Protectorat aux côtés des Alliés lui vaut d'être mobilisé et attaché au cabinet du Résident Général au Maroc, puis du général commandant l'Armée de l'Air à Alger. Pendant la campagne de l'Armée d'Afrique, il prend part au débarquement. II est attaché à l'Etat Major de la 11ème brigade de bombardement, les Marauders, avec laquelle il participe à des missions de guerre. II a ainsi l'occasion de réaliser un livre: "Marauders 1944/1945".
À partir de 1945, c'est à l'Etat Major du général commandant les Ecoles de l'Air, à Paris, qu'il termine sa carrière de militaire de réserve. Revenu au Maroc en 1946, il crée l'hebdomadaire "Afrique" où il soutient l'ambassadeur Erik Labonne, Résident Général, qui s'attachait à un rapprochement franco-marocain. À l'arrivée du général Juin, ces idées ne plaisent plus à la nouvelle Résidence. Pression sera faite sur le propriétaire du journal pour le faire évincer de son poste de Directeur-Rédacteur en chef. Ces faits ont été relatés par Charles André Julien dans son livre "Le Maroc devant les impérialismes".
Décidé à ne pas quitter le pays où il ne pouvait plus pratiquer son métier, il crée une agence de presse qui va se consacrer à l'édition et à la photographie. Il obtient des succès très brillants. Deux livres sont édités en Suisse avec ses photos et les revues du monde entier lui apportent une consécration.
Le calme revenu avec le retour de Mohammed V, il travaille en étroite amitié avec le Palais et suit, en qualité de journaliste, les déplacements de ce monarque au Moyen-Orient, et à la Mecque. Il en rapporte plusieurs films cinématographiques qui fixent cette période pour l'Histoire. Un montage, fraction des 5.000 mètres de tournage réalisé, est présenté au grand public sous l'égide de "Connaissance du Monde" à la salle Pleyel à Paris, et aussi au Maroc. Bernard Rouget a produit nombre d'autres films, dont certains pour le Roi du Maroc au cabinet duquel il est attaché en 1965.
Revenu en métropole, Bernard Rouget s'installa à Saint Paul de Vence. Cela nous entraînerait trop loin de citer ici tout ce qu'a écrit ou publié Bernard Rouget d'une part, et de donner la liste des distinctions dont il a été l'objet d'autre part. Je ne nommerai que : "Impressions marocaines", "Trois villes saintes du Maroc", "Maroc, Pierres et Ames", "Voyages à travers l'histoire du Maroc", et surtout son "Bonaparte à Nice" préfacé par Armand Lanoux et une brochure éditée à Marseille avec ses photographies et des textes de Edmonde Charles-Roux et de Jean-François Bory.
La fin de l'année 1982 lui apporta une importante consécration. Exposé dans une des meilleures galeries de Marseille, dans le cadre de "l'Orient des Provençaux" qui exalte l'oeuvre artistique et littéraire de la France en Orient, ses clichés vont parcourir le pays après que les quotidiens lui eurent accordé une large audience.
Bernard Rouget de Conigliano est décédé à Saint Paul de Vence le 22 août 1988. II a été inhumé au cimetière de Vence.
François Rouget de Gourcez.
L'oeuvre photographique de Bernard Rouget
Bernard Rouget a été sélectionné parmi les meilleurs photographes du monde : deux fois dans U,S. Camera (NewYork) 1954 et 1958, huit fois dans Photography Years Bock (Londres), 1953 à 1964, deux fois dans Photograns of Year (Londres), une fois dans Photorama (Belgique) qui lui a consacré six pages, deux fois dans 'Point de Vue Images du Monde" sous la rubrique des Gens d'Images, huit de ses portraits ont été retenus à la Biennale du Portrait (Bibliothèque Nationale de Paris 1961).
Il a été exposé ou publié en Allemagne, Suisse, Espagne, Italie, Japon, et il a collaboré à de nombreux hebdomadaires ou éditions de luxe tel que le Larousse Universel en dix volumes, Paris Match, Holiday, Hans Reich Vetlag, etc.. Deux livres ont été édités avec ses photos à la Guilde du Livre à Lausanne : « Maroc, Terre et Ciel » et « Espagne ». A sa propre maison d'éditeur, l'auteur a publié également des livres photographiques : « Trois Villes Saintes du Maroc », « Voyages à travers l'histoire du :Maroc », » Maroc, Pierres et Ames » . (voir livres)
Extrait de l’article d’Edy Legrand pour l’exposition « structures et matières » à Casablanca en 1970 .
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